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Julien Amouroux
16 mai 2013

Le Nouvel Unilever

L’actualité est un produit de grande consommation et comme tout produit de grande consommation elle suit son cycle de vie.

Malheureusement ce cycle de vie est plus souvent proche de celui du gadget (croissance exponentielle et décroissance rapide) que de celui de l’aspirine (croissance rapide et maturité continue).

La course à l’audience force les rédactions à sortir une info qui sera relayée puis immédiatement abandonnée au profit d’une autre plus neuve, plus forte, plus fraiche.

Si ce modèle est tout à fait adapté pour traiter l’actualité people, le sport, les faits divers ou bien la « politique politicienne », on est en droit de s’interroger sur sa pertinence concernant les événements de fond.

Si par le passé on a pu tomber dans l’excès, comme avec la couverture en continue de la première guerre du Golfe, on peut légitimement penser qu’aujourd’hui on est tombé dans la logique inverse.

Les faits d’actualités sont traités puis oubliés. Ils sont devenus des gadgets.

Prenons par exemple cette image

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Elle a été prise le dimanche 20 janvier 2013 au Mali par un photographe de l'AFP. Elle met en scène un légionnaire en opération masqué par un foulard à tête de mort et qui lui donne un air de Ghost, le personnage du jeu Call of Duty.

Cette photo est puissante et appelle pas mal de questions d’ordre moral sur ce qui semble être un dérapage de la part d’un soldat.

Dès le 21 janvier les médias s’en emparent et tartinent abondamment sur cette tranche de guerre. Tous les journaux et services d’information du pays ont repris cette image en y associant analyse et commentaires. Il suffit de lancer une requête sur Google pour en avoir la certitude.

Et puis le temps passe et cinq jours plus tard terminé, fermez le ban. Ainsi les questions soulevaient n’auront aucune réponse. Qui est derrière ce masque ? Que lui ait il arrivé par la suite ? Est-ce un comportement banalisé au sein de l’armée ? …

On aurait aimé aller au bout de l’histoire. C’est un peu comme si on regardait le « 6eme Sens » et que l’on vous stoppait le film à cinq minutes de la fin.

Autre exemple avec le printemps Arabe.

Inutile de revenir sur cet événement à la portée encore incertaine mais qui est entré dans l’histoire notamment à cause du geste désespéré d’un vendeur ambulant qui s’est immolé par le feu car on lui avait confisqué son outil de travail, une carriole. S’en est suivi une révolution en Tunisie et en Egypte ainsi que des émeutes dans les pays nord-africains et qui en gardent encore les stigmates.

Souvenons-nous alors des journalistes envoyés sur le terrain, de la débauche de moyen pour couvrir l’événement, des déferlantes de news inondant nos écrans.

Et aujourd’hui ? Et bien plus rien. Pour preuve ces quelques lignes trouvées sur le site Afrik.com. Hier, mercredi 15 mai 2013 on peut lire qu’« Au Maroc un marchand ambulant meurt après s’être immolé par le feu » parce qu’on lui avait volé son outil de travail, une carriole !

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Apparemment les rédactions n’ont pas jugées cet événement assez important pour être repris. Ce geste sera peut-être lourd de conséquence pour l’histoire géopolitique du monde…ou peut-être pas. Quoi qu’il en soit il sera passé inaperçu…pour le moment.

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Julien Amouroux
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