La vie des autres
Le cinéma est un Art qui fait le va et vient entre la fiction et la réalité. Témoin de nos sociétés et de nos vies, un film peut faire avancer les consciences, bousculer les certitudes, abattre des dictatures. Mais comme dans la réalité le cinéma a aussi un côté obscur.
Le film « La vie d’Adèle » sacrée Palme d’or au Festival de Cannes, qui dépeint les relations amoureuses de deux jeunes femmes en est le parfait exemple.
Celui-ci cristallise les espoirs des uns et fais ressurgir les angoisses des autres.
D’un côté une ode à la vie et à la modernité. Deux femmes amoureuses qui s’enlacent et s’aiment. Un réalisateur qui semble dire merde à la chianli ambiante.
De l’autre une sombre affaire du droit du travail qui met en lumière, s’il y en avait besoin, des coutumes en marge de la légalité qui sont monnaies courantes sur les plateaux de tournages.
D’un côté des acteurs très (trop ?) bien payés et de l’autre du personnel taillables et corvéables à merci faisant des heures à rallonges avec comme simple rémunération la satisfaction de pouvoir travailler avec un grand cinéaste.
Pour preuve cet article du Figaro où l’on peut lire le point de vue d’un producteur : « Jusqu’à présent, la négociation des contrats des techniciens des films d’auteur se faisait de gré à gré. Il n’y a jamais eu de soucis malgré des salaires inférieurs de 10 à 20 % au minimum syndical. Beaucoup de techniciens sont ravis de travailler avec des grands auteurs. Cela valorise leurs CV.»
Malheureusement, remplir son frigo grâce à la satisfaction d’avoir travaillé pour un grand réalisateur est aussi vain que vouloir empêcher deux femmes de s’aimer.
Vouloir dénoncer des aberrations ou des abus au travers d’un film est l’essence même de l’art. Utiliser les mêmes travers pour créer son œuvre est parfaitement condamnable.
Le cinéma c’est nos vies sur grands écrans. La vie avec ses évolutions et ses espoirs, la vie avec ses drames et ses laissés pour compte.